Le Parler Marseillais 1


Index

C’est au début du siècle que ces beaux messieurs de la capitale ont obligé les Marseillais à parler le français de France. À Marseille, on a donc peu à peu appris cette langue étrangère, en y intégrant des francisations d’expressions provençales, ou en modifiant le sens de certains mots français. C’est ce qui a donné le marseillais, cette langue chantante et chaude qu’on connaît.

Je tiens toutefois à préciser que le marseillais, tout comme les langues dont il est issu, est une langue à accents toniques, que j’ai essayé de retranscrire dans la graphie des noms : le terme gàrri se prononce donc gaaaaaaari, ou bien càcou caaaaaacou. Vous saisissez ? C’est très simple !

A

Adieu

En français, cette interjection désigne un départ définitif, tandis qu’à Marseille, on l’emploie dans le sens contraire : pour saluer quelqu’un : Adieu Marius, comment tu vas ?
On l’utilise aussi pour exprimer un regret : À midi j’ai mangé des tomates, et adieu la cravate !.
Forme provençale : Adiéu

Agachon

En provençal, l’agachoun, c’est la cabane du chasseur. Par extension, être à l’agachon, c’est être aux aguets : Depuis qu’on lui a dit qu’il était cocu, il est à l’agachon que t’as pas intérêt à regarder sa femme !.

Agassins

Vient du provençal agacin, cor au pied. Par extension, il désigne les pieds en général : Tu me marches sur les agassins ou Elle m’a esquiché les agassins.

Nom masculin provençal désignant un âne. Utilisé dans certaines expressions au sens de têtu : tronche d’aï ou pire con d’aï.

Aïet

Nom masculin provençal désignant l’ail. Selon les personnes, il peut aussi éventuellement désigner l’aïoli.

Air

À Marseille, quand on dit : Il a l’air de son père, il faut comprendre Il ressemble à son père. Traduction directe du provençal èr.

Anchois (yeux bordés d’)

Avoir les yeux bordés d’anchois, c’est avoir le pourtour des yeux rouge, à cause de la fatigue : Va te coucher que t’as les yeux bordés d’anchois !.
Avoir le cul bordé d’anchois, c’est avoir beaucoup de chance (on dit aussi le cul bordé de nouilles).

An pèbre

S’emploie pour désigner un point dans le temps particulièrement éloigné dans le passé. Mon ordinateur, il date de l’an pèbre signifie que le matériel en question est particulièrement vieux.

Arapède

Les pêcheurs connaissent bien ce mollusque qui adhère aux rochers et qu’on n’arrive pas à décoller. Désigne donc par extension quelqu’un dont on n’arrive plus à se défaire : Marius, quand il t’attrape, c’est une vraie arapède, t’arrives plus à t’en défaire.

Autrement

Employé dans la formule Et autrement, comment ça va ? pour dire Et à part ça.

B

Bada

C’est le rab’. Quand une cliente demande Tu me fais le bada ?, elle veut tout simplement que le commerçant lui rajoute un peu de marchandise pour le même prix.

Bader

Regarder de manière stupide, bouche ouverte. On l’entend quelquefois pour regarder avec amour : T’as vu Zézette comme elle le bade, son René ?.

Balèse

Désigne quelqu’un de fort sur le plan intellectuel (j’ai entendu dire qu’il pouvait aussi parler de quelqu’un sur le plan physique, mais je ne l’ai jamais rencontré personnellement). Ainsi un élève demandera à son voisin avant l’interrogation : T’es balèse, toi ?.

Ballon

À Marseille, le ballon désigne le football ou bien le stade. On entendra : Marius, depuis qu’il joue au ballon, il me casse plus rien à la maison, ou bien : Ce soir on va au ballon, tu viens ?.

Bastide

Désigne une grande et solide maison de campagne.

Bastonner

En clair, donner des coups de bâton. Ce verbe signifie encore donner une raclée.

Interjection marquant l’étonnement ou la certitude. Bè bien sûr qu’il travaille bien mon petit ! ou bien Bè, qu’est-ce que tu fais là ?.

Beaucoup

Employé très souvent (et à tort) pour très  : Bertrand, il est beaucoup brave !. La tournure vient du provençal forço ou de l’italien molto pour lesquels la construction grammaticale est correcte.

Bèbe

Faire la bèbe c’est bouder, ou dans certains cas faire la gueule.

Bédélet

Désigne le ventre. On entendra : J’ai mangé à me faire péter le bédélet ! pour dire qu’on a vraiment bien (et beaucoup) mangé. On entend aussi Se crever le bédélet qui veut dire se fatiguer de manière excessive.

Bertrand

Utilisé dans l’expression Faï di ben a Bertrand, ti lou rendra en cagant. On désigne par là quelqu’un dont on veut faire remarquer son ingratitude vis-à-vis d’un service rendu.

Bestiasse

On l’emploie pour se moquer de quelqu’un de stupide : Oh bestiasse, pousse-toi un peu de là que je passe !.

Bisquer

Le provençal dit biscaïre, éprouver du dépit. La traduction en a gardé le sens : Me fais pas bisquer ou tu vas t’en prendre une !.

Blaguer

Le terme français veut dire se moquer gentiment ; à Marseille, c’est aussi bavarder (un brin de causette ou bien un discours franchement long) : J’ai vu Loule en chemin et on a un peu blagué. ou bien Les femmes, elles blaguent, elles blaguent, et le dîner il se fait pas !.
Un blagaïre, c’est quelqu’un qui parle volontiers, beaucoup.

Bordille

Désigne une ordure. Au singulier, c’est une injure grave Celui-là qué bordille. Au pluriel, désigne le contenu des poubelles : Puisque tu t’en vas, descends-moi les bordilles !.

Boufigue

Une boufigue, c’est une enflure sur le corps : Dédé, il s’est fait piquer par une abeille, tu verrais la boufigue que ça lui fait sur le bras !.

Bouger (ne pas)

Dire de quelqu’un qu’il n’a pas bougé, cela veut dire qu’il n’a pas changé. Ne s’utilise qu’à la forme négative : Dis donc, ça faisait dix ans que j’avais pas vu Zézette, hé bé elle a pas bougé !.

Bourrer (se)

En fait, se goinfrer : Te bourre pas comme ça que tu vas être malade !.

Bout d’an

Désigne la fin de l’année dans l’expression Bon bout d’an, et à l’an qué ven ! qu’on entend le soir du 31 décembre.

Brailles

Les brailles, c’est le pantalon (avec une nuance de moquerie). Le terme a donné débraillé (avoir les vêtements en désordre) et s’embrailler (s’arranger les habits). Un cague-brailles, c’est un pantalon trop grand, qui pend entre les jambes.

Brave

Tu es bien brave veut dire que cette personne est aimable ; Tu m’as fait une brave peur ! : cette fois, dans le sens de sacrée ; Il fait un brave vent : le vent souffle très fort.
Quand on dit d’une personne Elle est brave, peuchère, c’est qu’elle est un peu sotte (terme gentil).

Brêle

Désigne quelqu’un qui se moque de son travail : Ne lui demande rien, il saura pas te répondre, c’est une vraie brêle.

C

Cabanon

Initialement, le cabanon est une petite construction assez fragile qu’on construit sur le bord de la mer pour aller y passer le week-end.

Cacarinette

En Provence, une cacarinette, c’est une coccinelle. On dit aussi : Il a une (ou des) cacarinettes dans la tête qui dénote une certaine lenteur à la compréhension du monde extérieur de la part du moqué.

Cache-maille

Dans le grand Nord, les enfants mettent leurs petites économies dans la tire-lire. À Marseille, ils les mettent tout simplement dans la cache-maille.

Càcou

Le càcou, c’est le petit jeune des quartiers, voyou plus par imagination que par vocation. Un càcou, c’est surtout une attitude, une apparence. Le terme a été transformé en caque ou quèque (non, pas un cake !).

Cafi

Signifie plein de : Cet endroit, il est cafi de mouches !. On peut l’utiliser pour parler d’objets (il est cafi de sous) ou de personnes (la Canebière, le samedi, c’est cafi de monde).

Cafoutchi

C’est un lieu de dimensions assez exiguës, ou peu salubre.

Cagade

Une cagade, c’est une grosse bêtise : J’ai cassé la vitre, je crois que j’ai fait une grosse cagade.

Cagadou

Lieu d’aisances.

Cagagne

En provençal, caga c’est déféquer. Une cagagne, c’est une diarrhée. Il m’a foutu une des ces cagagnes ! ne veut pas dire que le locuteur a eu une envie pressante, mais une grande frayeur (emploi au figuré).

Cagnard

On désigne par cagnard le soleil, ou du moins le soleil qui chauffe (on parlera rarement de cagnard en hiver). Aujourd’hui je sors pas, y a un de ces cagnards dehors !. S’encagnarder, c’est lézarder au soleil.

Cagole

Fille de petite vertu.

Caguer

Déféquer. On dit, comme en français : Arrête, tu me fais caguer. On l’emploie aussi pour parler d’un projet qui a tourné court : Mon programme, en théorie, il marchait bien, mais sur l’ordinateur, ça a cagué. On entend aussi : Ce projet, moi je m’en cague (je m’en moque). Enfin, l’expression de lassitude la plus utilisée à Marseille : Mi fan cagua, qui se traduit littéralement du provençal par il me fait caguer (i.e. il m’énerve).

Calculer

À Marseille, ce verbe n’est pas utilisé dans son sens français, mais pour dire réfléchir : Tu viens au ballon ce soir ? — Attends, je calcule…. On trouve aussi une seconde utilisation, dans le sens de ne pas s’intéresser, être indifférent. On dira ainsi : Si ça continue, je le calcule plus (j’arrête de m’intéresser à lui), ou aussi Eh bé tout à l’heure, il m’a même pas calculé (il ne m’a pas parlé, il a fait comme si je n’existais pas).

Canon

Un canon, c’est une personne (en général une fille) à l’allure superbe : Vé cette fille, qué canon !.

Capeù

Mot provençal signifiant chapeau. On l’entend en majorité dans L’as paga, lou capeù ? (tu l’as payé, le chapeau ?) pour se moquer d’une personne dont le chapeau prête à moquerie (ce n’est pas possible qu’elle ait payé ce chapeau, on a dû le lui offrir au moins).

Cébette

Petits oignons qu’on mange en général en salade, souvent avec des tomates. Certaines personnes les désignent par cèbes.

Chaler

Chaler quelqu’un, c’est le transporter sur son porte-bagages du vélo.

Chapacan

C’est une personne sans scrupules. Dis, refais-moi un peu le ménage, t’as fait le travail à la chapacan.

Chaple

C’est le désordre. Y a des Marseillais, à Paris au ballon ils ont fait un chaple ! (ils ont semé la zizanie). Ou bien : Range un peu ta chambre, c’est le chaple dedans.

Chèvre (devenir)

Lui j’en ai marre, il me fait devenir chèvre ! (il me fait tourner en bourrique).

Choper (se)

À Marseille, se choper, c’est avoir une discussion, et en venir aux mains.

Cloque

C’est en général une ampoule (sur la peau). J’ai pioché hier que j’en ai des cloques plein les mains !.

Collègue

Un collègue à Marseille, c’est un camarade, un ami. On dira : Non, c’est pas mon fiancé, c’est juste un collègue.

Con

À la même signification qu’en français ; sert aussi pour appuyer une phrase (en tant qu’interjection) : J’ai jamais vu autant de pluie d’un coup, con !.

Coquin

Sert en tant qu’interjection pour exprimer la surprise : Oh coquin la peur qu’il m’a fait !. On l’emploie très souvent dans l’expression coquin de sort.

Couillon

Un couillon, c’est un imbécile. Quand on fera danser les couillons, tu seras pas à l’orchestre (M. Pagnol, Marius).

Coumprèni

On l’utilise normalement en fin de phrase pour appuyer ce qu’on vient de dire : J’en ai marre de toi, je m’en vais, coumprèni ?.

Craindre

Quand on craint, à Marseille, c’est qu’on est dans une situation qui nous a fait honte : Il m’a parlé mal devant le monde, tu peux pas savoir comme je l’ai craint.

D

Dache

Aller à dache, c’est aller au diable : Qu’est-ce que tu attends pour l’envoyer à dache ?.

Daube

Désigne en français un plat de viande provençal (bœuf, carottes, sauce). On l’applique à un homme ou une femme de poids conséquent. Daubasse existe, en plus méchant : Oh daubasse, tu te bouges, oui ?.

Défaire (se)

À Marseille, quand on a trop mangé, on se défait (sens de se dégraffer).

Dégun

Nom provençal voulant dire personne : Hier à la fac, y avait dégun.

Demoiselle

À Marseille, ce terme est employé pour dire jeune fille : Alors, ta demoiselle, qu’est-ce qu’elle devient ?.

Déparler

Déparler, c’est employer des mots qu’on ne devrait pas, c’est être grossier : Ce con, il m’a tellement énervé qu’il m’a fait déparler !.

Dépéguer (se)

La pègue (pègo en provençal), c’est la poix. Se dépéguer, c’est se sortir d’une situation délicate : Escuse le retard, j’ai pas pu me dépéguer de mes parents avant.

Descendre

À Marseille, on descend en ville pour aller travailler ou faire ses courses, puis on monte chez soi. On l’emploie aussi quand on change de ville : on monte à Toulon (notez qu’il n’y a aucun rapport avec la géographie), puis on redescend sur Marseille.

Destrùssi

On désigne par là un enfant à qui rien ne résiste (signifie destructeur) : Ce minot, on peut rien y donner, c’est un destrùssi de première.

Dîner

Au Moyen-Age, on prenait le déjeuner le matin, le dîner à midi, et le souper le soir. La désignation est restée à Marseille.

Doigts (ne pas se moucher avec les)

Se dit de personnes affichant un train de vie relativement aisé, mais surtout tape-à-l’œil : T’as vu sa maison ? Il se mouche pas avec les doigts celui-là !.

Dormiasse

Désigne une personne qui aime dormir, qui dort beaucoup : Oh dormiasse, debout !. Par extension, désigne quelqu’un dur de la feuille (on entend aussi longugne dans ce sens).

E

Emboucaner

S’emploie en argot pour puer. On l’entend plus rarement dans le sens de flétrir la réputation (Ce couillon y m’a emboucané, si tu savais !).

Embouligue

On peut rapprocher ce nom féminin du provençal embouléga (mis en boule) et du français embolie. On entendra donc aussi bien quelque chose du genre Marius, il est mort d’une embouligue. que Il a débarqué de nulle part que ça m’a fichu une de ces embouligues, con ! (ici plus dans le sens de coup de sang que mis en boule).
Rire à se faire péter l’embouligue : embourigo en provençal désigne le nombril.

Embroncher

Dans le sens non pronominal, c’est se heurter : on embronche quelqu’un. Ce verbe est surtout employé au sens pronominal, où s’embroncher, c’est se heurter mais surtout trébucher : Je me suis embronché dans les fils électriques.

Empéguer

Origine provençale : pègo, la poix. Il est empégué dans son boulot veut dire qu’il a des problèmes difficiles à surmonter avec son travail. J’ai roulé trop vite et je me suis fait empéguer : j’ai eu une amende. Hier soir, j’étais trop empégué pour conduire : j’avais un peu forcé sur la bouteille, j’étais ivre.

Endoume (va caguer à)

Comme tout le monde l’aura compris, quand on dit à son interlocuteur Va caguer à Endoume (Endoume, quartier bien connu à Marseille), c’est évidemment pour l’envoyer paître.

Ensuqué

Un ensuqué, c’est quelqu’un qui est lent à la comprenure, qui ne réagit pas rapidement (à rapprocher de dormiasse et longugne). Dans le sens de assommer, aussi : Pécaïre, quand j’ai appris la mort de ce pauvre Doumé, ça m’a complètement ensuqué.

Entrée

En français, ce terme désigne un hors d’œuvre, tandis qu’à Marseille, une entrée est une financière (le plat cuisiné).

Escagasser

Ouste, je veux plus te voir, tu m’escagasses ! veut dire que ladite personne m’emm…bête. On emploie aussi ce verbe pour fatiguer, éreinter, battre : Ce travail il m’a escagassé, ou bien Tais-toi, tu m’escagasses ! ou encore Ils se sont fait escagasser par les quèques du quartier.

Escaliers

À prononcer escaié. À Marseille, on a tendance à confondre l’escalier avec les marches qui le composent : Y a encore un couillon qui a balancé ses bordilles dans les escaiés !.

Escrimer (s’)

S’escrimer, c’est se tuer à faire quelque chose, peiner. Je me suis escrimé à rédiger mon projet, et le prof il l’a même pas lu !.

Espincher

Regarder en cachette : Les voisins ils passent leur temps à m’espincher qu’on se demande ce qu’ils veulent à la fin !.

Esquicher

Esquicha en provençal, c’est écraser : Le métro les soirs de ballon, c’est pas la peine, on est trop esquiché.

Esquinter

C’est faire mal ou casser : Regarde ça, tu m’as esquinté la table ! ou au figuré J’en peux plus, ce cours de math il m’a esquinté !.

Estouffe-gàrri

Vient de estoufa : étouffer, et gàrri, rat. C’est ce qu’on appelle en français un étouffe-belle-mère. On l’emploie surtout au figuré : Ton livre, comme estouffe-gàrri, y a pas mieux !. On peut aussi surnommer la cravate un estouffe-gàrri en rapport au fait qu’elle étrangle si elle est bien serrée.

Estranger

Nom masculin fantaisiste inventé sur la base de tous les mots en es… en provençal. Un estranger, c’est tout simplement un étranger, mais le qualificatif est extrêmement péjoratif (voir pacoulin).

Estrasse

Une estrasse, c’est un chiffon, un vêtement en mauvais état : Regarde-le celui-là, qué paquet d’estrasses ! (il s’habille vraiment n’importe comment).

F

Fada

Un fada (ou une fadade au féminin), c’est une personne un peu dérangée mentalement. On dit aussi fadòli, en moins fort. Un fada, c’est aussi un passionné : C’est un fada de foot ou Il est fada de Johnny.

Faï tira

On le traduit littéralement par laisse tomber, et on l’emploie exactement dans ce sens : Tu t’es fait voler ton portefeuille ? Y avait rien dedans, faï tira….

Fan

Sert d’interjection, seul ou avec d’autres termes : Oh fan que c’est bon !, ou des exclamations comme fan des pieds, fan de chichourle, fan de putain.

Fanny (baiser)

Quand on baise Fanny, c’est qu’on n’a marqué aucun point. Initialement employé à la pétanque, on l’utilise à présent pour n’importe quel sport ou jeu. Au début du siècle, Fanny désignait une toile sur laquelle était peint un somptueux derrière, et l’équipe de pétanque n’ayant rien marqué devait baiser Fanny devant tout le monde, assez déshonorant. La tradition persiste encore, suivant les coins de la Provence.

Fatche

Interjection, qu’on emploie en général pour oh là là, seule ou combinée avec d’autres termes : fatche de putain, fatche de con.

Fatigué

Euphémisme pour très malade : les étrangers sont toujours étonnés d’entendre Il était fatigué, et puis il est mort.

Feignant

Terme provençalisé, du français fainéant. On dit aussi feignasse, plus fort.

Figure (perdre la)

Perdre la figure, c’est perdre la face. On emploie aussi n’avoir pas de figure quand on n’a aucun scrupule, qu’on se moque de son honorabilité : T’as vu ce qu’il a fait ? Il a vraiment pas de figure lui.

Filer (une rue)

À Marseille, on ne suit pas une rue, on la file : Pour aller à la mairie ? Vous filez la rue jusqu’au bout et vous tournez à droite, là vous pouvez pas la louper.

Flûte

Une flûte de pain, c’est une baguette. Il s’est enfilé toute la flûte ! Il va être fatigué maintenant !.

G

Galine

En provençal, galino, poule. Avoir la peau de galine, c’est avoir la chair de poule. Dérivé : galinette, terme affectueux employé par les parents pour appeler leur enfant.

Gamate

Provençal : gamàto, auge. À table, on dit quelquefois : Oh, amène ta gamate !, ce qui veut dire Approche un peu ton assiette.

Gàrri

Désigne un rat en provençal. Terme affectueux destiné aux enfants, ou plus généralement à n’importe qui mais avec une nette nuance amicale : Oh gàrri, comment tu vas ?.
Il existe un jeu du gàrri qui consiste à capter une forte source de lumière sur une surface réfléchissante et à la renvoyer dans les yeux de quelqu’un à son insu.

Glandouiller

En argot français, glander, c’est paresser. Les Marseillais ont simplement modifié le mot : C’est un feignant, il glandouille tout le temps.

Gòbi

Petit poisson méditerranéen, célèbre pour ses gros yeux. Une personne peut avoir des yeux de gòbi si elle mal dormi. On traite aussi quelqu’un d’ahuri en lui disant T’as vu tes yeux de gòbi !.

Gonfler

C’est irriter, énerver : Tais-toi, tu me gonfles.

Gounflaïré

Désigne quelqu’un qui gonfle : Il me lâchera pas, ce gouflaïré !.

Gouttes (faire des)

À Marseille, quand il fait des gouttes, c’est qu’il pleuvine : Prends ton parapluie qu’il fait des gouttes !.

Grafigner

En provençal, grafigna, c’est égratigner. Ainsi on se grafigne sur les ronces, ou bien des femmes en venant aux mains se grafignent.

Grain

On dira : Combien tu veux de grains dans ton café ?. Désigne un morceau de sucre.

Guìncho

Un guìncho, c’est quelqu’un qui louche. Il a les yeux guìncho veut dire que ladite personne a une coquetterie dans l’œil.

H

Équivalent marseillais du hein français : Demain tu viens avec moi, hè ?.

Honte

Utilisé pour dire timidité. Ainsi un enfant n’osant pas saluer des amis de ses parents dira J’ai honte.

I

Inquiète (t’)

Un Français dirait à la place : dis-toi bien que. On l’utilise pour faire une mise en garde : Lui il veut pas me donner un coup de main, mais t’inquiète que le jour où il aura besoin de moi, il pourra aller caguer à Endoume !.

J

Jeune

On interpelle quelqu’un d’apparence jeune par Oh jeune ! »quand on n’a pas envie d’être aussi formel qu’en utilisant le terme monsieur.

Jobastre

Un jobastre, c’est une personne assez faible intellectuellement parlant, ou bien quelqu’un qui prend des risques énormes (quoiqu’un psychologue pourrait vous dire que c’est sensiblement la même chose) : Il faut être complètement jobastre pour faire ça !.

L

Lancer

Les Provençaux ont fait tomber le É du verbe élancer : Je me suis esquinté le pied que depuis, ça me lance que tu peux pas savoir !.

Languir (se)

Se languir de quelqu’un, c’est attendre avec impatience son retour : Regarde la petite Fanny comme elle se languit que son fiancé il revienne. On peut aussi se languir d’un événement : Maman, je me languis de Noël !.

Languir non pronominal désigne l’ennui : Maman, je languis… .

Longagne (ou longugne)

Quelqu’un dont on se plaint de sa nonchalance : Quoi ! Tu lui as demandé de faire ça ? Mais longugne comme il est, il en a pour cent ans !.

Longue (de)

Pendant du français sans arrêt : Les càcous dans mon quartier, de longue ils se chopent !.

M

Maï

Adverbe provençal signifiant encore. On le trouve dans la locution i sian maï (nous y voilà encore, ça recommence), ou bien Allez, zou maï ! Il remet ça.

Mallon

Un mallon, c’est un carreau (du carrelage) : Rince la pièce à la pile et lave-moi un peu les mallons.

‘Man

À Paris, les enfants disent M’man. Dans le Sud, on a fait tomber le premier M.

Manquer

Se trouver mal à l’aise. Marius, il m’a insulté devant le monde, tu peux pas savoir comme j’ai manqué. On dit aussi faire manquer pour faire honte : Si tu me fais manquer, tu vas voir la rouste que tu vas te prendre !.

Marier

Contrairement au français, en Provence, on se marie ensemble. On entend ainsi : Alors, tu te la maries, la Cécile ?.

Marque-mal

Un marque-mal, c’est en général une personne mal habillée : Té, regarde-la avec sa robe, qué marque-mal !.

Marronner

C’est rouspéter, bisquer : Allez, rends-moi mes affaires, arrête de me faire marronner !.

Mèfi

Correspond au français attention. Si tu descends en ville, mèfi aux voitures !.

Meilleur (parler)

Oh, parle-moi meilleur, hè ! : parler sur un autre ton, plus respectueusement.

Mener

Utilisé pour emmener et amener : Docteur, je vous ai mené le petit parce qu’il est un peu fatigué, là.

M’en fouti

Littéralement : je m’en fous.

Mère (Bonne)

À Marseille, on appelle ainsi la Vierge de la Garde, Bonne Mère de la ville. L’expression est employée pour tous les usages : Oh Bonne Mère, j’ai gagné au loto !, Bonne Mère, pourquoi m’avez pas fait gagner au loto ?, Oh Bonne Mère, j’en peux plus de ce pégoun !.
Voir la Bonne Mère à travers quelque chose (ou quelqu’un), c’est dire de cette chose qu’elle est particulièrement fine, au point d’y voir à travers la statue de la Vierge qui surplombe le port de Marseille (la statue évidemment, pas le saint personnage, on n’est pas à Lourdes) : Cette tranche de jambon, té, on y voit la Bonne Mère à travers.

Merlusse

En provençal, merlusso, morue.

Mettre (la table)

En Provence, mettre la table, c’est dresser le couvert. J’ai à ce propos une petite anecdote : on faisait une petite fête, et j’ai demandé à un collègue (non marseillais) de mettre la table ; il m’a répondu : Où ?.

Minot

Un minot, c’est un enfant. On dit : Il se conduit comme un minot pour se moquer de quelqu’un qui réagit comme un enfant. Employé aussi en tant que terme amical : Oh minot, comment tu vas ?. Au féminin : minotte.

Momo

En Provence, on n’a pas bobo mais momo : Maman, j’ai momo au bras. Il semblerait que ce mot vienne du provençal maù, mal.

Monter

Voir descendre.

Morfale

Un morfale, c’est un affamé, quelqu’un qui ne mange pas mais dévore. Lui, faut pas l’inviter à manger, c’est un vrai morfale.

Morfler

On emploie ce verbe pour recevoir une raclée, au propre comme au figuré : Si tu rentres tard, tu vas voir la raclée que tu vas te prendre !, Il a drôlement morflé quand il a vu ses résultats à l’examen.

Moulégas

Déformation du provençal moulégous, pâteux. Désigne quelqu’un de lent dans ses gestes et réactions. Contrairement à longugne, ce terme a en plus une connotation de quelque chose de mou, de visqueux. On peut parler d’un fruit moulégas, par exemple.

Moulon

C’est un tas, un paquet, au propre comme au figuré : Il a un moulon de sous ou Il a un moulon d’ennuis. Les minots d’aujourd’hui disent Y a moulon ! pour dire qu’un paquet de monde s’est rassemblé brusquement (pour une bagarre à coup sûr).

N

Néguer (se)

C’est se noyer. On l’emploie aussi pour envoyer balader quelqu’un : Va te néguer, vaï !.

Nono

Equivalent provençal de dodo. Avoir nono, c’est avoir sommeil ; faire nono, c’est dormir : Chut, fais pas de bruit, mon petit frère il fait nono.

Nord (grand)

À Marseille, le grand Nord désigne un territoire déshérité, froid (disons tout le contraire de ce qu’on peut espérer chez nous). Selon les personnes, la frontière se situe à Bollène (entre Orange et Pierrelatte), ou bien à Lançon-de-Provence (entre Vitrolles et Salon), voire même carrément à Aix-en-Provence !

O

Œil (tomber un)

Il vient me voir chaque fois qu’il lui tombe un œil, autrement dit pratiquement jamais.

Oncle

Tout comme jeune, on interpelle comme ça quelqu’un, mais moins jeune : Oh l’oncle, alors la pêche était bonne ?.

Oursins (dans la poche)

Dire de quelqu’un qu’il a des oursins dans la poche, c’est se moquer de son avarice. Essayez donc de mettre votre main à la poche avec un oursin dedans, petit animal marin très épineux ! Hè, il paye jamais la tournée lui, qu’est-ce qu’il doit avoir comme oursins dans sa poche !.

P

Pacoulin

Les petits Parisiens disent péquenot. Le terme vient de pacan, paysan. Mais tout comme en français, pacoulin est très péjoratif. La pacoule désigne le trou perdu ; débarquer de sa pacoule, c’est donc tomber des nues : Oh, tu savais pas que Marius s’était marié la Cécile ? Tu débarques de ta pacoule ou quoi ?

Pareil (comme)

Emploi incorrect pour pareil à : Ta voiture elle est pareille comme la mienne.

Parole (retirer la)

Locution qui veut dire ne plus adresser la parole. Lorsqu’on retire la parole (ou bien qu’on retire le parler), c’est que la personne en face a vraiment fait quelque chose de grave : c’est à mon avis la plus grosse insulte qu’on peut recevoir. Dire Je te retire la parole équivaut à peu près à un Tu es tellement con qu’à partir de maintenant je considère que tu n’existes plus. L’insulte est d’un niveau de langue recherché : ainsi quand c’est César (M. Pagnol, Marius) qui la prononce, on en sent bien la gravité ; tandis qu’un càcou ne l’utilisera jamais.

Pastaga

Diminutif familier du pastis. Mais pour avoir fréquenté quelques bars, il semblerait que ce terme ne soit plus utilisé que par des estrangers voulant se faire passer pour des véritables.

Pastis

Désigne évidemment cette boisson symbole de Marseille. Mais je tiens à préciser que le pastis, c’était initialement (et c’est encore) un immense désordre (Regarde-moi un peu ta chambre, qué pastis !). Il a donné le terme pastisser, salir : Ton minot il a pastissé les murs de sauce tomate !.

Pàti

Initialement, le pàti était l’endroit où on entreposait les ordures avant de les mettre à la rue. On dit maintenant être dans le pàti, être dans une situation inextricable. Un mains de pàti, c’est quelqu’un qui n’arrive rien à faire de ses mains (qui casse tout) ; mettre le pàti, c’est créer des embrouilles là où il n’y en avait pas encore.

Pauvre

Utilisé à la place de ça alors ! : Oh pauvre, il y arrivera jamais !. On entend beaucoup dans cet emploi les termes peuchère ou pécaïre.

Pècou

Ce terme désigne une forme fine qui dépasse d’un objet : le pècou d’un fruit (sa queue), ou bien le pècou qui dépasse de dessus le béret à Marius.

Pégon

Du provençal pégoun, importun.

Pègue

C’est la poix. On peut désigner par là quelqu’un qui nous colle (justement !) un peu trop, ou plus généralement un objet (un ruban adhésif, ça pègue) : d’où le verbe péguer.

Peine

Faire peine, c’est apitoyer : De voir ce pitchoun tout seul, ça fait peine. L’emploi est très souvent ironique : Tu fais peine, à vouloir faire le monsieur comme ça.
À peine correspond à sur l’instant : À cause de tous ces embouteillages, il arrive à peine.

Pénéquet

Après le déjeuner, un bon pénéquet, y a que ça de vrai !. La sieste, quoi.

Pénible

Une personne pénible, c’est un personne difficile à vivre : Qu’est-ce qu’il peut être pénible avec sa propreté !.

Pescadou

Tout simplement un pêcheur.

Pétanque

Voir Tanquer.

Peuchère

Ou bien dans sa forme provençale pécaïre : interjection utilisée pour exprimer la compassion : Il est fatigué, peuchère ou l’ironie : Tu crois me gagner aux boules ? Pécaïre, faudra te lever tôt !.

Pièce

Contrairement à ce que croient une bonne partie des Français, une pièce, à Marseille, c’est un morceau de tissu qu’on utilise pour laver les mallons, pour éponger lors d’une inondation (vous pensez au même film que moi ?). Dans le grand Nord, on dit serpillière.
Histoire vécue : j’étais dans une cité universitaire à Lyon (mais aussi, qu’est-ce que je faisais à Lyon, hè ?), et manque de chance, inondation dans la chambre. Donc je descends à l’accueil et je demande une pièce pour essuyer l’eau, mais là la femme me regarde d’un air de dire il est fou lui !. Réalisant un peu tard que j’ai employé un mot de chez moi et ne me rappelant pas la traduction en français, je lui ai demandé un chose en tissu pour éponger par terre !

Pigne

La pigne de pin, c’est la pomme de pin.

Pile

On désigne par là l’évier, en Provence : Va me chercher la pièce, sous la pile.

Pistou

Mélange de basilic, pulpe de tomate, ail et fromage râpé, servi en accompagnement d’une soupe de légumes. Par extension, le pistou désigne aussi cette soupe. Il désigne également de manière abusive (mais c’est là son emploi majeur à Marseille) le basilic lui-même.

Pitchoun

Du provençal pichot, petit. Diminutif affectueux, existant aussi au féminin : pitchoune : Qu’elle est belle, la pitchoune, comme elle est habillée !.

Pite

C’est un petit point, ou une petite tache, un peu comme les taches de rousseur : Té lui il a mangé des tomates, regarde son tricot comme il est plein de pites. On dit aussi pité pour plein de pites.

Piter

Piter, c’est manger plus ou moins subrepticement, toujours en très petite quantité : Arrête de piter, après tu vas plus manger. Dérivé : manger peu : Il doit être fatigué, il mange plus, il pite.
Deuxième sens : se faire avoir, être victime d’une mystification : On peut lui raconter ce qu’on veut, il pite à tous les coups. Dans cette acceptation, le terme est passé dans l’argot national.

Plaindre

En Provence, ce verbe est transitif et signifie rationner : Oh, tu me plains le café ou quoi ?.

Plomber

On emploie ce verbe quand il fait très chaud, que le soleil frappe dur : Tu devrais pas sortir, ça plombe dehors.

Plus mieux

À Marseille, on insiste en utilisant ces deux adverbes au lieu d’un seul : Ma voiture elle est plus mieux que la tienne. Pour le contraire, on entend plus pire.

Porter

Emploi incorrect pour apporter et emporter : Té je t’ai porté le disque que tu m’avais demandé.

Poufiasse

Terme des plus injurieux pour désigner une femme aux mœurs pas très honorables : Fiche le camp, poufiasse !.

Poulit (sian)

Littéralement nous sommes jolis. Utilisé pour indiquer que la personne est dans de beaux draps : Si tu perds encore ton boulot, sian poulit.

Préférer (mieux)

À Paris, les gens préfèrent ceci ou cela. Dans le Midi, on en rajoute un peu : on préfère mieux (Je préfère mieux dormir qu’aller à l’école).

Q

Que

Conjonction qui introduit une subordonnée complétive en français, mais qui introduit un peu n’importe quoi à Marseille (et utilisé en tant qu’adverbe) : une conséquence, une cause, un but : Tire-toi, que tu m’escagasses.

Qué

Interjection qui exprime généralement le doute : Qué, tu y crois, toi qu’elle va m’épouser ?.

Qu’es aco ?

Littéralement qu’est-ce que c’est que ça. On l’utilise pour exprimer l’incrédulité, la surprise, l’indignation : Attends, tu me donnes rendez-vous, tu insistes et tu y viens pas ? Qu’es aco ?.

Quignon

En français, un quignon est un morceau de pain, tandis que les Marseillais sont plus précis : ils désignent ainsi l’extrémité de la baguette de pain : Un quignon tout chaud quand le pain sort du four du boulanger, y a que ça de bon.

R

Rataillon

Ce terme concerne exclusivement la nourriture, et désigne les restes au fond d’un plat : Tu vas pas me laisser ces rataillons, que sinon je les jette.

Ravi

C’est un personnage de la pastorale, simple d’esprit et toujours content. On dit : Té regarde-le, on dirait le Ravi de la crèche.

Regardaïre

Un regardaïre, c’est quelqu’un qui regarde en général sans en avoir été prié, qui espinche quoi.

Reïner

On dit de quelqu’un qu’il reïne quand il râle, maugrée sans arrêt et souvent sans raison. C’est en général d’un enfant qu’on parle : Il m’énerve, ce minot, à reïner sans arrêt. On désigne cette personne par le nom reïnarié(e).

Resquiller

C’est entrer dans un lieu payant sans en avoir le droit. La personne qui réussit cette opération est un resquilleur.

Rouste

Prendre une rouste, c’est recevoir une raclée (on peut prendre la rouste physiquement, ou aux cartes…). Roustasse est plus fort.

Ruiner

Ce verbe a un sens en plus à Marseille, celui de blesser, faire mal, détériorer : Je me suis ruiné la main en portant ces caisses, ou Il m’a ruiné le disque que je lui avais prêté.

S

Scoumougne

C’est la malchance, la poisse : J’ai rien qui marche, j’ai vraiment la scoumougne. En argot parisien, le terme est resté sous la graphie scoumoune.

Sèbe

C’est un plus rare maintenant, mais on entend encore dans les cours de récréation Crie sèbe ! quand deux enfants jouent à se battre, et que l’un demande à l’autre de céder (équivalent de rends-toi ?). Attention : ne pas confondre avec cèbe.

Semblant

Un semblant, c’est un peu : Pour moi, juste un semblant de sucre dans le café.

Sentir (se)

On emploie ce verbe pour dire avoir le courage : Je me sens pas de faire mes exercices.

Suite (de)

À Marseille, on dit Je viens de suite, pour dire tout de suite.

Stoquefiche

Mot dont l’origine, pour une fois, viendrait du grand Nord : stockfish, poisson séché. Un stoquefiche, c’est quelqu’un dont la maigreur fait penser à cet animal (un poisson séché est plat) : Regarde-la, elle ; je sais pas ce qu’elle mange, mais c’est un vrai stoquefiche !.

T

Tafanàri

Ce nom désigne le fessier, surtout quand il est important : Elle a un tafanàri comme la Porte d’Aix.

Tanquer

Se tanquer, c’est se planter, au propre comme au figuré : Ils se sont tanqués dans la boue, ou Il s’est tanqué à son examen.
Ce mot est à l’origine du nom pétanque. En effet, il y a quelques années, on jouait aux boules à la longue, c’est-à-dire à peu près à 10-15 mètres, et on envoyait la boule après trois pas d’élan. Un jour une personne n’a pas pris son élan, mais est restée les pieds tanqués.

Taraillettes

Ce terme désignait auparavant de la vaisselle en terre ; à présent, les taraillettes, c’est la vaisselle en jouet (poterie ou tout simplement plastique) avec laquelle les petites filles jouent à la poupée : Maman, tu m’achètes des taraillettes ?

Tchào

Terme venant directement de l’italien ciào, transcrit phonétiquement par les Marseillais. On l’utilise à tout bout de champ, en rencontrant quelqu’un ou bien en le quittant : Oh tchào Marius, comment tu vas ?.

Tchatcher

C’est parler avec trop d’abondance. L’origine semble être le chant des cigales : tcha-tcha. On dit d’une personne qui sait parler, qui sait embobiner les gens rien qu’en discutant avec eux qu’il a de la tchatche.

En début de phrase, ce terme exprime la surprise : Tè, qu’est-ce que tu fais là ?. Associé à , la traduction serait plutôt tiens, vois : Tè, vé le, lui, un peu, avec sa voiture : il se mouche vraiment pas dans ses doigts !

Tian

Nom provençal qui désigne une bassine en terre. Par extension, un tian est un grand plat en terre à larges bords utilisé pour la cuisine : Pécaïre ! Il s’est mangé tout le tian de sauce !

Tomber

Ce verbe a le même sens qu’en français, mais pas la même construction en conjugaison : on l’utilise avec le verbe avoir : J’ai glissé et j’ai tombé, ou bien en tant que verbe transitif : Il a tombé la casserole et elle a tout pastissé les mallons. On tombe aussi n’importe quel vêtement, quand on a chaud : une veste, un bonnet, un pantalon (pourquoi pas ?), et pas seulement une chemise comme pourraient le croire certaines personnes à cause d’une chanson qui fut à la mode.

Tòti

Un tòti, c’est un abruti, un imbécile, mais avec une connotation de balourdise. Si je lui fais pas son boulot, à lui, tòti comme il est, il va faire que des cagades.

Tourner

À Marseille, on ne mélange pas le sucre dans sa boisson chaude, on le tourne : Tè je t’ai mis deux grains dans le café, mais je l’ai pas tourné.

V

Vaï

Impératif du verbe ana, aller. On l’utilise en double emploi : quand le Français dit allez, les Marseillais disent allez, vaï : Allez vaï, c’est pas vrai que t’as trouvé un billet de 500 € dans la rue.

Impératif du verbe voir. Utilisé en tant qu’interjection pour insister ; il est en général précédé de  : Tè vé, il va encore foutre un pàti monstre, je te parie.

Vier

Désigne dans un langage très grossier le membre viril. Utilisé uniquement pour des interjections grossières : Eh, mon vier ! (pour exprimer la lassitude), Oh, vier d’âne, tu t’amènes ?

Ville (en)

Nous Marseillais n’allons pas faire nos emplettes au centre (pour reprendre l’expression à la mode dans la capitale), mais nous descendons en ville.

Virer

C’est tourner : on entend en voiture Tu files la rue et au bout tu vires à droite. Une gifle magistrale fait virer la tête. On emploie aussi en provençal la formule tant qué viré faï des tours , pour se moquer d’une personne qui hésite sans arrêt à prendre une décision sans y arriver.

Vouais

En français, oui est devenu familièrement ouais, puis à Marseille vouais ou bien voueille (plus appuyé) : Voueille j’arrive, crie pas comme ça ! (marque l’agacement).

W

Wagon

À Marseille, signifie tas, amas : Tu veux lui offrir une voiture en jouet ? Mais il en a déjà des wagons !

Z

Zou

Précédé de allez, invite à faire quelque chose : Allez zou, on y va. Allez zou maï, c’est ça recommence : Allez zou maï, il a encore le rhume.

Remerciements

Je tiens à remercier tout mon entourage qui m’a aidé à mettre en place ce lexique, mes collègues, ma famille. J’ai aussi une pensée envers certaines personnes d’Internet m’ayant fait des remarques très pertinentes, Pascale M. et Maryse A. principalement.



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Commentaire sur “Le Parler Marseillais

  • arnouldvedel@aol.com'
    ARNOULD Alain

    Bravo pour ce « dictionnaire » très complet !

    Mais on dirait qu’il y manque quand même un mot capital du parler marseillais : » PUTAIN(G) »!

    O gari, ça marque mal !

    Putain (puting), à Marseille, ca n’a rien à voir (ou pas souvent ) avec les prostituées, c’est pas un mot grossier comme à Paris, juste une interjection familière, un « mot outil’ aux multiples usages, comme « con », à condition bien sûr d’y mettre l’assent !

    – Beaucoup, gros : « y’a un putain de bruit » « un putain de tas d’ordures » (On connait bien ca, chez nous….)
    – Sale, fichu « ces putain de moustiques », « ce putain de temps » etc..
    – Oh! admiratif : « Putain, que t’es belle ! » (Si on dit ca à Marseille, on risque pas la baffe, dans le « Nord », oui)
    – Oh! désolé: « Putain, j’ai encore cagué, la dorade elle s’est décrochée! »
    – Oh là là ! : « O putain, Domi, arrête de blaguer au téléphone, que les panisses elles brûlent ! »

    etc… etc…, j’en oublie un moulon !

    Sans parler des « putain d’Adèle » et autres « putain de la bonne mère »
    Putain, con, ça serait putain de bien de le rajouter, non ?

    Ou « tarpin bien », que j’ai entendu récemment et qui semble à la mode chez les jeunes ; moi, en 65 ans de marseille, j’avais jamais entendu « tarpin », putain ! que pensez vous de ce « tarpin » ?

    Allez, vaï, j’arrête de tchatcher, que je vais aller me faire un putain de pénéqué! Et puis vé, si vous mettez pas « putain », m’en fouti, sieu d’Auriou !

    Adessias, et encore bravo !
    .
    Alain